Le Parrain ***

Date de sortie : 15 Mars 1972
Réalisé par Francis Ford Coppola
Avec Marlon Brando, Al Pacino, James Caan, Robert Duvall, Sterling Hayden, John Cazale, Diane Keaton
Genre : Policier, Drame


En dressant le portrait d'individus attaché à leur famille et à leurs traditions et qu'en même temps l'histoire montre à travers une intrigue complexe que leur code moral peut se résumer souvent à la cupidité et au meurtre, la force du film sans doute est qu'il décrit toute l'ambigüité que compose un milieu où chaque membre doit dans un cercle exclusive préserver l'unité de la famille, ce qui fait que finalement ce monde dangereux ne se résume pas forcement à un conflit uniquement entre le bien et le mal. Mais en tant que spectateur on peut se sentir complètement étranger aux motifs et aux dilemmes de ces personnages exerçant une double morale celle qu'on fait au grand jour par exemple pour l'occasion de grande fête et puis l'autre qu'on applique en cachette pour régler ses comptes.

A vrai dire, comme ce classique incontournable du cinéma américain m'a laissé assez indifférent, je n'ai pas cherché à voir les deux suites (Le Parrain, 2ème partie de 1974 et Le Parrain, 3e partie de 1990) constituant l'histoire de la famille Corleone, avec comme dénominateur commun le personnage de Michael (Al Pacino).

Il est très probable aussi que Parrain première partie a cartonné lors de sa sortie (un immense succès au box office avant de remporté trois Oscars dont celui de meilleur film) comme personne avant Coppola avait dépeint aussi bien le milieu de la mafia en décrivant méticuleusement les règles et en lui donnant un nom, un visage celui d'une légende vivante, Marlon Brando sous les traits de Don Vito Corleone. Celui - ci est un homme de pouvoir puissant et criminel sans qu'on sache trop dans le film comment il a amassé toute sa fortune, qui perpétue les valeurs de ses ancêtres : le pacte du silence, le respect et l'honneur. Puis vient Michael celui qui voulait se sentir éloigné des affaires de la famille mais qui va se retrouver rattrapé dans une spirale de meurtres et de vengeances. Le décor est planté …

A noter aussi que le film à l'époque de sa sortie avait fasciné pour sa violence qui aujourd'hui est devenu complètement banal au cinéma.

Comments

[Multiface]

Puisque tu le dis avec autant d’enthousiasme, je te ferai signe des lorsque je les aurai vu ;)

[Stoni]

Justement ce cercle infernal de destruction produit un effet inévitable d'auto-destruction qui n'est pas forcément prévisible mais reste en tous les cas (sur l'ensemble de la trilogie) absolument génial d'intensité dramatique. La 2e partie va encore beaucoup plus loin que ça et avec la partie "initiatique" du Parrain joué par De Niro en fait un film unique et terrible. Vu ton très large appétit cinéphilique (on a grosso modo le même malgré des goûts bien entendu pas toujours identiques), il m'apparaît comme une évidence que tu voies les 2 derniers volets. Je sais je me répète mais c'est important quand même, bon sang. ;-)

[Multiface]

Tu sembles avoir bien analysé les ressorts et aboutissants du film mais comme je l’ai déjà écrit, je me sens toujours indifférents aux tracas que subissent les protagonistes du Parrain. Néanmoins, j’essayerai de voir les 2 suites dès que j’en aurai l’occasion puisque tu en fais une belle pub.
Effectivement, j’ai bien saisi que ce soit Don ou Michael, que les boss sont profondément attachés à leur famille tout comme à leurs traditions et qu’ils construisent leur socle de vie comme un cercle exclusif. Mais le pb de leur mode de vie où les membres ascendants n’hésitent pas à sacrifier celle des autres pour sauver l’unité du clan, produit finalement l’inverse du but recherché puisque leurs actes ne font que détruire constamment l’intégrité de la famille. Et ce résultat m’a apparu comme une évidence dès le départ du film, d’où mon manque d’intérêt.

[Stoni]

Et donc tu n'as toujours pas vu les 2e et 3e parties???? Si c'est le cas tu te DOIS de les voir. Tu ne oeux pas laisser passer ça, impossible. La partie II, si on la considère séparément des deux autres, est sans doute la plus belle et sombre fresque mafieuse qui ait jamais été tournée (avec il était... en Amérique).
Pour en revenir a ce volet originel, j'arrive toujours à y trouver un nouveau plaisir ou une nouvelle lecture à chaque visionnage. Ce qui ma fascine là-dedans, c'est qu'en dépit non pas des apparences mais bien de la réalité (intimidations, exactions, meurtres...), on ressent vraiment que ce vieux parrain est un mec - loyal pourrait-on dire en un sens - qui aspire à la sérénité et la paix. Mais il a créé et pérennisé un empire si grand dans un milieu en dehors des lois qu'il ne peut en occulter la violence inhérente. Il contribue certes à perpétuer le mal et la mort mais il subit plus ce fléau qu'il ne l'attise. La relève incarnée par Michael (pour lequel le Don à une fierté sans bornes en raison de sa juste intelligence) accentue ses paradoxes car il est totalement en dehors de la famille. Surtout il est censé lui légitimer une image plus respectable et honorable. Mais la réalité est toute autre et malgré ses principes moraux et tout l'amour qu'il porte à sa fiancée, il est celui qui a le plus le sens de la famille et ainsi se vouera corps et âmes à la maintenir à flots avant tout le reste. Tout ça est complètement humain, complètement compréhensible, et pas toujours excusable évidemment. C'est pourquoi c'est du très très grand cinéma.
Et si Brando a raflé un Oscar à la hauteur de son talent inégalé, Pacino était déjà la superstar de la saga et l'acteur froid et génial que l'on connait aujourd'hui.

Je sens mon lecteur DVD qui trépigne d'impatience. Il a envie de se taper un Coppola on dirait. J'y vais...