Date de sortie : inconnu
Année de production : 1969
Réalisé par Andrei Tarkovski
Avec I.Lapikov, Anatoli Solonitsyne, Nikolai Grinko
Genre : Drame, Guerre

 


Ce film retrace comme si on y était car on a vraiment l'impression de voyager dans le temps lorsqu'on regarde Andrei Roublev, le destin d'un moine peintre d'icônes dans la  Russie du XVe siècle. Andrei Roublev vit dans une époque extrêmement violente où la religion exerce énormément de pouvoir sur la population qui n'ont pas d'autres choix que de croire puisque les dogmes religieux sont imposés et que de garder la foi est apparemment le seul moyen de tenir pour le plus grand nombre  dans ce monde de brutes.

 

Andreï Roublev est choisi comme collaborateur par le grand maître Théophane le Grec pour peindre les fresques d'une cathédrale. Mais en étant un homme humaniste  en avance sur son temps, Andrei Roublev refuse les normes esthétiques de la religion officielle et ne peut se résoudre à présenter une  vision effrayante de l'iconographie traditionnelle où Dieu se venge de ses créatures au jour du Jugement dernier. Ainsi comme  le pays est tellement livré au mal personnalisé par les Tatars, le frère rebelle du Prince qui s'est aussi allié avec eux par esprit de vengeance, le moine Andrei Roublev ne croit plus aux hommes et perd la foi après le meurtre accidentel d'un homme. Alors bouleversé, il fait voeu de silence et abandonne la peinture pendant dix ans.  Cependant sa rencontre salvatrice avec un jeune fondeur de cloche, au talent hors du commun, va permettre au vieil homme de retrouver le goût de son art et d'exécuter ses futurs chefs d'oeuvres .


Film en noir et blanc, d'une incroyable beauté, sans être une biographie exacte du peintre, ce long métrage de 2h30 est construit en huit tableaux qui évoquent tout les aspects de  la figure de ce moine, sa création artistique et la Russie au moment de l'invasion tatare. Ce chef d'oeuvre absolu peut néanmoins en oscillant sans cesse entre mystique et métaphysique dérouter le spectateur peu enclin à réfléchir sur ces questions, sinon le film reste le meilleur dans le genre grâce à sa richesse inouïe à traves l'image et la réflexion sur la perte de foi d'Andreï Roublev tout comme celle sur son salut face à la beauté d'une oeuvre autre que la sienne.

 

Aussi, le film s'achève par de longs plans, représentant les icônes d'Andreï Roublev qui ont traversé les âges jusqu'à aujourd'hui, dont celle de la Trinité dont il faut savoir par ailleurs qu'elle lui valut d'avoir les yeux crevés comme le peintre avait outrepassé l'interdiction de signer son oeuvre mais il semblerait que le réalisateur n'a pas voulu conclure sur cet aspect qui laisse imaginer que Roublev a été victime soit d'une dictature religieuse ou soit étatique, tout comme le réalisateur Tarkovski l'a été avec la censure de son époque imposée par le système autoritaire russe.



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